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Par David Brites.

Le 10 décembre dernier, la Loi pour la croissance et l’activité, ou « Loi Macron », était approuvée en Conseil des ministres ; elle est actuellement discutée au Parlement. Ce texte fourre-tout doit permettre notamment d’assouplir le travail le dimanche et la nuit, de déréglementer certaines professions, et de céder cinq à dix milliards d’euros d’actifs de l’État dans des entreprises. Alors que plusieurs élus de droite pourraient voter cette loi, la gauche est profondément divisée. Pour autant, nul doute qu’elle sera approuvée dans les prochaines semaines, même si quelques « frondeurs » socialistes décident de la rejeter. Le PS conserve donc sa ligne libérale, et décidément, la société que le parti au pouvoir nous propose n’a rien de très réjouissante : tout comme l’UMP auparavant, la remise en cause systématique des acquis sociaux est présentée comme un courageux cycle de « réformes » visant à « libérer la croissance ». Une telle situation devrait offrir un boulevard à l’extrême-gauche française, dont les thèses sont confortées à mesure que l’austérité creuse la tombe de l’économie française. Mais voilà, alors que le Front national a le vent en poupe, la question reste entière : où est l’extrême-gauche française ?

Le 12 avril 2014, un grand rassemblement de la gauche anticapitaliste a réuni à Paris plusieurs milliers de personnes. Organisée entre autres par Olivier Besancenot et Jean-Luc Mélenchon, candidats aux élections présidentielles, respectivement en 2002 et 2007 pour l’un, et en 2012 pour l’autre, cette marche commune n’a débouché sur aucun projet d’alliance politique concret – ça n’était d’ailleurs pas l’objet de la manifestation.

Logo du NPA, né en 2009 sur la base de la LCR.

Depuis plusieurs années, les forces politiques françaises tentent de renouer avec le rassemblement politique, afin d’élargir leurs sympathisants et d’éviter de se faire concurrence, notamment quand elles visent le même électorat. En 2002, la réunion du RPR chiraquien, d’une large part de l’UDF giscardien, et de quelques formations mineures, donne naissance à l’Union pour un Mouvement Populaire. Depuis, tous les partis ont bougé, fusionné, élargi leurs bases : le Modem au centre en 2007, Europe Écologie-Les Verts en 2008, et le Rassemblement Bleu Marine à l'extrême-droite en 2012, en sont des exemples frappants. Même le Parti socialiste, en organisant une « primaire ouverte » à gauche en 2011, est parvenu à ramener dans son giron le petit Parti radical de gauche.

Chaque camp politique est donc clairement identifiable, à l’exception de l’extrême-gauche, qui n’a toujours pas un interlocuteur unique. En février 2009, la création du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), héritier de la Ligue communiste révolutionnaire, et celle du Parti de Gauche, qui se veut une première base pour la constitution d’une alliance de la gauche radicale – ce sera le Front de gauche avec le Parti communiste français (PCF) et Gauche Unitaire, à partir des élections européennes de juin 2009 –, visaient à la doter d’un visage unique. Les résultats demeurent mitigés.

Le Front de Gauche réunit le PCF, le Parti de Gauche et Gauche Unitaire.

L’extrême-gauche, ou l’éternelle armée mexicaine de la classe politique française

Ce ne sont pas là les premières tentatives d’unifier la gauche anticapitaliste. Mais à chaque fois, la multiplication des initiatives entraîne un nombre de candidatures qui dessert plus la cause de la gauche qu’elle ne lui permet d’élargir son électorat. Par exemple, dans la continuité de la victoire du « non » au référendum de 2005 sur le Traité constitutionnel européen, plusieurs mouvements de gauche anticapitaliste se réunirent pour proposer une candidature commune lors de la présidentielle de 2007.

Or, le noyautage par les militants communistes des différentes sections du « Collectif national d’initiative pour un rassemblement anti-libéral de gauche et des candidatures communes » poussa de nombreux participants à rejeter la candidature de Marie-George Buffet (PCF) qui se présentait au nom de la « Gauche populaire et antilibérale », et à appuyer la candidature de José Bové. À noter qu’outre ces deux candidats, dont aucun ne dépassa la barre des 2% des suffrages exprimés, on compta trois autres représentants de la gauche radicale lors du scrutin de 2007 : Arlette Laguiller (Lutte ouvrière) et Gérard Schivardi, qui obtinrent des scores tout aussi réduits, ainsi qu’Olivier Besancenot, seul à passer le seuil d'un million d'électeurs (avec 4,08% des voix).

Logo du parti de la gauche allemand Die Linke, créé en 2007.

Rappelons que le cumul des voix obtenues par les différents partis d’extrême-gauche ou de la « gauche de la gauche » (sans compter Les Verts) donne des variations étonnantes, si l’on compare les élections présidentielles successives depuis les années 1990 : 14% en 1995 (plus de quatre millions de voix), 21,5% en 2002 (plus de six millions), à peine 9% en 2007 (3,3 millions de voix), et 13% des suffrages exprimés en 2012 (4,6 millions de voix). Des scores finalement pas si éloignés de ceux de l'extrême-droite (même si on ajoute aux voix du Front national celles de Philippe de Villiers en 1995 et en 2007, ou encore celles de Bruno Mégret en 2002). Le pic de l'« autre gauche » s'explique en 2002 par la fragmentation des forces de gauche dans leur ensemble, mais aussi par la faiblesse du Parti socialiste – le phénomène est semblable à droite et à l’extrême-droite, où six candidats sont présents aux côtés de Jacques Chirac (RPR) et de Jean-Marie Le Pen (FN).

En 2007, on observe le phénomène inverse : en dépit du nombre de candidats à gauche, la dynamique de campagne du PS et le contrecoup du 21 avril 2002 laissent peu de chances aux formations mineures, qui perdent donc près de 3 millions de voix par rapport à 2002, et cela malgré la hausse de la participation, passée en cinq ans de 71,60% à 83,77% des inscrits. Bref, l’« autre gauche », ou la « gauche de la gauche », présente un socle solide de quatre à cinq millions d’électeurs à chaque élection présidentielle (à l’exception de 2007), mais pourrait espérer l’augmenter significativement si elle parvenait à capitaliser sur la morosité du PS.

Évolution électorale de l’extrême-gauche française – comparatif des élections présidentielles françaises depuis 1995.

Évolution électorale de l’extrême-gauche française – comparatif des élections présidentielles françaises depuis 1995.

Si l'on se concentre sur « la gauche de la gauche », sans dévier sur les mouvements écologistes avec qui parfois l’électorat est assez poreux, on constate l’existence de deux grandes branches, pour faire simple : une marxiste-léniniste, proche des groupes de l’« ultra-gauche » et des Trotskystes, ne dépasse jamais la barre des 5% des voix (à l’exception du scrutin de 2002), et se compose notamment du Parti des Travailleurs, de Lutte ouvrière et du Nouveau Parti Anticapitaliste (ex-Ligue Communiste Révolutionnaire) ; l'autre, républicaine de gauche (ou gaulliste de gauche), dépasse rarement la barre des 10%, et réunit les Chevènementistes et l'essentiel des Mélenchonistes, entre autres. Nous laisserons de côté les proudhoniens et autres néo-fouriéristes, héritiers de la Commune mais qui sont totalement absents du champ politique actuel. Entre les Marxistes et les Chevènementistes, le clivage réside avant tout dans la grille de lecture : elle est internationale pour les uns, et nationale pour les autres.

Si, lors de sa création, il n'a pas su attirer Lutte ouvrière et le Parti des Travailleurs, le NPA est tout de même parvenu à incarner et à refonder la gauche politique la plus radicale. « Le NPA n’est pas trotskiste uniquement. Il reprend toutes les traditions révolutionnaires, marxistes mais aussi libertaires », expliquait Olivier Besancenot en 2009. Mais la dynamique électorale amorcée par les scores relativement correctes de Besancenot aux présidentielles de 2002 et de 2007 sont immédiatement enrayés par la création du Front de gauche, qui réunit les Républicains de gauche, les déçus du PS et des gens issus d'une extrême-gauche plus poussée. Un groupe de dissidents venus de la LCR mourante crée Gauche Unitaire dès mars 2009, et représentera pendant cinq ans la branche la plus radicale du mouvement co-fondé par Mélenchon.

Le Front de gauche parvient en l'occurrence à s'inscrire dans la durée, en bénéficiant du verbe de son leader, mais aussi de l'assise locale dont jouissait déjà un PCF trop content d'enrayer son déclin, et qui a progressivement fait évoluer sa grille idéologique d'une gauche marxiste à une gauche républicaine – l'alliance avec le Parti de Gauche a consacré cette évolution. Face à la montée du Front de gauche, le NPA ne parvient pas à capitaliser la notoriété de son porte-parole, et accumule finalement les claques électorales de manière systématique depuis la présidentielle de 2007 (1,15% des voix à la présidentielle de 2012, et 0,39% des voix aux européennes de 2014, pour ne citer que deux exemples). Créé quant à lui avec l’ambition de représenter une alternative au PS, le Front de gauche n'en reste pas moins cantonné à des scores entre 6,48% (score aux européennes de 2009) et 11,10% (présidentielle de 2012). Aux dernières élections européennes, pourtant traditionnellement favorables aux formations mineures du fait du mode de scrutin proportionnel, et désormais propices à une percée des partis eurosceptiques, il a fait 6,61% des suffrages exprimés, soit à peine mieux qu’en 2009.

Logo du parti espagnol Podemos, créé en janvier 2014.

Le contexte européen semble pourtant très favorable aux formations de la gauche radicale, notamment dans certains pays ayant subi la crise économique et les politiques d'austérité de plein fouet. Deux d'entre eux en particulier, deux nations méditerranéennes, apparaissent à contre-courant des États européens où la crise ne semble pas avoir encore impacter les rapports de force politique traditionnels (Portugal, Belgique, Chypre, Irlande...).

En Grèce, l’alliance Syriza, fondée en 2004, regroupe sociaux-démocrates, altermondialistes, ex-marxistes et trotskystes. Menée par Aléxis Tsipras (40 ans), elle est arrivée en deuxième position aux législatives de juin 2012 (26,89% des voix) et en tête aux élections européennes de juin 2014 (26,58%). En Espagne, le mouvement d'essence antilibérale Podemos, créé en janvier 2014 et dirigé par Pablo Iglesias Turrión (36 ans), semble connaître une dynamique électorale très positive. Dans les deux cas, l'émergence de ces formations se fait aux dépends d'un centre-gauche qui a adopté depuis longtemps une vision économique favorable au capitalisme (PASOK en Grèce, PSOE en Espagne). Mais voilà, en France, le seul parti qui profite de façon durable de l'affaiblissement des deux grandes formations de gouvernement demeure le Front national.

Le NPA et le Front de gauche : à quand une alliance politique ?

L’enjeu est évidemment de réunir les « gauches de la gauche ». Jean-Luc Mélenchon tente déjà, en réunissant le Parti communiste et son Parti de Gauche, de mêler la ligne franchement sociale (voire révolutionnaire) de la base du PCF et d’Olivier Besancenot, et celle dite « républicaine » ou « socialo-gaulliste » de Jean-Pierre Chevènement. C’est sans doute vers un mélange de ce type qu’une alliance entre les deux extrêmes-gauches est possible, et souhaitable, car si la gauche la plus radicale a le mérite d’apporter des clivages réels à une vie politique française qui en manque cruellement, de fait, la rhétorique de la gauche « socialo-gaulliste » est plus susceptible d’attirer les électeurs (on le voit bien quand le Front national tente de récupérer ce discours par la voie de son vice-président Florian Philippot) et de rendre le discours crédible. Les désirs révolutionnaires du NPA et de LO ont peu de chances d’emporter les masses.

En effet, les citoyens s’avèrent davantage réceptifs aux thématiques nationales privilégiant une forme de protectionnisme qu’aux appels à ouvrir les frontières et à l’humanisme sans limite des partisans d'une révolution. Pour qu’une telle alliance soit possible, il faut que d'une manière ou d'une autre, les militants du NPA se fassent violence quant à certains de leurs principes, et mettent de l’eau dans leur vin. Cette alliance est en l’état inenvisageable, d’abord parce que le parti d’Olivier Besancenot se refuse à modérer ses positions, ensuite parce qu’au sein même du Front de gauche, les postures divergent encore sensiblement, entre un Parti communiste français qui poursuit les accords électoraux avec le Parti socialiste dès que cela lui est utile, et un Parti de gauche jusqu’au-boutiste sur la question des alliances avec le PS. Dernier exemple en date de cette cacophonie : lors des élections municipales de mars dernier, le PCF a multiplié les alliances de circonstance pour pouvoir se maintenir dans le plus de villes possible.

Interrogé en 2011 par le site Regards.fr, Olivier Besancenot déclarait à Jean-Luc Mélenchon : « [J’insiste] sur le processus du bas, du bas, du bas, et du bas encore. […] Il y a deux grandes orientations politiques à gauche. Une sociale-libérale, où quelque part l’idée est que l’économie de marché est l’horizon indépassable, et il faut mettre une pincée de social et d’environnemental derrière. Et il y en a une autre qui veut en sortir. Et il n’y a pas que le NPA dans cette famille-là, c’est évident. Mais il n’y a pas que des partis dans cette famille-là. Il faudrait qu’il y ait une candidature de rassemblement anticapitaliste qui soit capable d’exprimer la radicalité du mouvement social. Et pour ça, il faut un programme, il faut discuter des alliances, il faut discuter de ce que ça signifie par rapport au système. Et puis il faut être conscient aussi que du point de vue du casting, […] il ne faut pas que ce soit la tête de file d’un parti politique. Parce que justement, l’unité, ce n’est pas le ralliement. La nuance, voire le désaccord avec toi, est que pour moi, ce n’est pas simplement l’implication, c’est le contrôle. Ce n’est pas que l’implication, c’est le contrôle populaire sur le pouvoir [qui importe]. Les réunions entre nous, on en a fait dix mille, ça ne marche pas. […] En tête à tête, entre partis, ça ne marche pas. En tous les cas, entre les nôtres, ça ne marche pas. »

Ce à quoi Jean-Luc Mélenchon, lui-aussi interrogé, répondait : « Tu as raison, ça ne peut pas être le ralliement, mais nous on ne peut pas aller signer un papier où [il est écrit que] tout ce que tu dis est bien, et où moi je m'amende parce que tu condescendes de temps à autre à dire : "C'est bien, tu as avancé, Jean-Luc". [...] Il faut admettre que les autres ne sont pas toujours tous du même point de vue, et il faut supporter que les gens ne soient pas du même avis. [...] Si nous faisons ensemble, nous réussirons quelque chose d'extraordinaire qui donnera un signal à toute l'Europe. »

LO et le NPA naviguent encore sur de vieilles lunes idéologiques qui les empêchent d'envisager une alliance plus large. Or, dans un contexte de crise du capitalisme financier et de crise d’identité de la gauche, des revendications sociales aussi radicales que l’interdiction systématique des licenciements ne sont tout bonnement pas pertinentes quand, d’une part, l’enjeu actuel est bien plus la préservation des acquis sociaux que l’obtention de nouveaux acquis, et quand, surtout, l’extrême-gauche n’est pas en situation d’imposer ses thématiques privilégiées dans le débat public. En effet, sans le relai d’un Parti socialiste désormais acquis au libéralisme, les idées de la gauche radicale n’ont aucune chance d’être entendues, et donc d’entraîner un clivage idéologique susceptible de leur donner un poids électoral significatif. Le discours du Front de gauche, lui-aussi radical (retour à la retraite à 60 ans avec 75% du salaire, remboursement intégral des dépenses de santé, réévaluation des minima sociaux, création de la sécurité sociale professionnelle, construction de 200.000 logements sociaux par an, investissements massifs dans le secteur hospitalier, etc.), ou encore celui du NPA, d’emblée décrédibilisé par une classe médiatique adepte (dans sa majorité) de la « pensée unique » (pro-libérale et pro-européenne sur le plan économique, pour faire vite), n’a dès lors plus d’écho. En bref, contrairement à l’UMP, au PS ou aux courants centristes (UDI, Modem), et à présent au FN, l’extrême-gauche ne parvient pas à être créatrice d’opinion. Avant de parler de révolution des masses, l’extrême-gauche doit d’abord s’atteler à reconquérir l’opinion et à sauver ce qui peut l’être. Pour l’instant, et le drame de Charlie Hebdo ne va rien arranger à cela, les thématiques de la nation, de l’immigration et de la sécurité, et dans une moindre mesure de l’emploi, dominent largement les débats publics, aux dépends de la répartition des richesses et de la refonte de nos institutions politiques. En témoigne la Loi Macron, qui devait initialement s’intituler « Loi pour la croissance et le pouvoir d’achat », et est finalement devenue « Loi pour la croissance et l’activité ».

Logo de l'alliance grecque Syriza.

Les scores de l’extrême-gauche sont sans doute injustes, non seulement car elle joue un rôle enrichissant dans les débats (cela vaut pour le Front de gauche comme pour Lutte ouvrière et le NPA, quoi qu'en disent les médias), mais également parce qu'on peut noter une vraie réflexion sur des alternatives de modèle économique, alors qu'au Parti socialiste, le contenu idéologique fait clairement défaut. Présenter un visage uni ne constituerait absolument pas une garantie de meilleurs résultats électoraux pour l’extrême-gauche française, comme en témoigne l'exemple de Die Linke en Allemagne, qui demeure depuis sa création en 2007 cantonné à des scores similaires à ceux du Front de Gauche en France, entre 7,39% (européennes de 2014) et 11,89% des voix (législatives de 2009). Mais une telle initiative aurait au moins le mérite d’améliorer sa visibilité auprès des citoyens, ce qui est toujours une bonne chose, et pour elle-même, et pour les électeurs.

À une seule occasion, lors des élections régionales de 2010, une alliance entre le Front de Gauche et le NPA a été observée, mais dans les seules régions du Languedoc-Roussillon, du Limousin et du Pays-de-la-Loire. Le manque de cohérence global a alors mis à mal ces premières tentatives de coalition, puisque dans les régions de Basse-Normandie, de Bourgogne et de Champagne-Ardenne, le NPA n'a pu se joindre qu'au Parti de Gauche, le PCF s'alliant là avec le Parti socialiste dès la premier tour du scrutin. En Bretagne et en Lorraine, un autre scénario était à l’œuvre : face à une liste commune PS-PCF, le Parti de Gauche faisait alliance avec des communistes dissidents, mais sans le NPA. Dans les autres régions métropolitaines (à l'exception de la Corse où la situation est particulière), le Front de Gauche (PCF & PG) se présentait uni, mais sans le NPA ou le PS. Bref, une stratégie en manque de lisibilité.

L'heure n'est pas au rassemblement. La rupture de Gauche Unitaire avec le Parti de Gauche et le Parti communiste français, en avril 2014, au prétexte que ses candidats étaient mal placés sur les listes du Front de Gauche pour les élections européennes à venir, n'allait d'ailleurs pas dans ce sens, d'autant que les deux autres partis de la coalition ont, à l'époque, exprimé une certaine indifférence au départ d'une Gauche Unitaire devenue moribonde. Au NPA, la multiplication des motions internes (ou plateformes) en vue du 3ème Congrès de la formation, prévu le 1er février prochain, illustre bien les débats inutiles et chronophages qui pourrissent la vie du parti. Au cœur des discussions : le rapport du NPA avec le Front de Gauche. « Personne ne propose d'y adhérer mais la question est celle de l'unité avec qui, et jusqu'où », a tout récemment résumé Alain Krivine (ancien porte-parole de la LCR).

Le 19 janvier dernier, le NPA n'a envoyé aucun représentant au meeting de soutien à Syriza qui a eu lieu en présence de Pierre Laurent (PCF), de Jean-Luc Mélenchon (PG) et de Cécile Duflot (EELV). Alors même que ce meeting aurait pu en fait être le lancement d'une nouvelle coalition de la gauche radicale, plus qu'un soutien à Syriza, cette absence est une faute politique de plus. Enlisé dans un sectarisme apparent et dans des discussions internes sans fin, le NPA est plus isolé que jamais.

À l’heure où le parti d’extrême-gauche Syriza est susceptible d’arriver en tête des élections législatives grecques prévues le 25 janvier prochain, et alors que le parti antilibéral Podemos arrive régulièrement à la première ou deuxième place dans les sondages en Espagne, à quelques mois seulement des municipales et régionales (mai) et des législatives (novembre) en Espagne, il est temps pour l’extrême-gauche française de prendre ses responsabilités et de ne pas répéter les erreurs du passé en multipliant les candidatures qui se ressemblent sans pour autant se compléter. Pour la « gauche de la gauche » française, il s’agit à présent de mûrir pour prendre une nouvelle dimension politique.

Tag(s) : #Politique
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